Richard, René

René Richard, un grand artiste peintre paysagiste

Grand maître canadien, autodidacte, René Richard, ARC (Académie Royale des arts du Canada) est né à la Chaux-de-Fonds, en Suisse en 1895 (décès en 1982).  Il est venu s’installer en Alberta en 1909, il choisit de vivre avec les Indiens Cris et les Inuits du Nord du Canada et c’est dans la solitude des grands espaces qu’il devient artiste. En 1927, il décide d’aller étudier la peinture à Paris et y rencontre le peintre canadien Clarence Gagnon. Revenu au pays en 1930, il reprend sa vie de trappeur au Manitoba et c’est finalement à Baie St-Paul, en 1942, qu’il trouve son port d’attache et épouse Blanche Cimon. Il expose régulièrement à Québec et Montréal mais retourne en 1952 en expédition dans le Grand Nord. Il passe les trente prochaines années de sa vie à Baie St-Paul.

Jusqu’à la fin de sa vie, il y peint ses paysages lumineux et colorés, toujours liés au paysage canadien. Qu’importe l’anonymat des arbres et de ceux qui parcourent les longues pistes du Nord, ce que le peintre exprime avec éloquence c’est l’âme même des immensités canadiennes: le silence et la solitude. C’est là qu’il révèle des visions à la limite de l’abstraction, à la rencontre de l’universel.
Un art lumineux et coloré

[…] sa démarche personnelle et solitaire n’a nul besoin de comparaison ou de justification. Elle est unique et ne s’insère dans la foulée ni de l’avant garde ni d’une nostalgie romantique. René Richard développe son propre langage pictural, sa peinture s’affirme dans un esthétisme personnel dont la source première est la nature..Et même si l’artiste avait complètement éliminé les éléments identifiables de ses tableaux, l’esprit qui se dégage de la matière picturale n’en n’aurait pas été affecté tellement son expression est vive.. Elle se révèle dans la moindre touche, le moindre trait, car tout transpire cette nature sauvage, austère et magnifique.. La facture n’a rien de soigné, elle est vraie, intuitive, sauvage comme son sujet, pure et nullement complaisante. Le paysage est brossé avec spontanéité, comme dans un élan amoureux. La couleur ne cherche pas a séduire mais a traduire. Le paysage s’inscrit sur le support par de larges coups que seule la passion peut induire. Chaque geste du peintre porte en lui l’essence du lieu »  Robert Bernier.

Il a côtoyé des artistes comme Gagnon, Fortin, Lemieux, Rousseau et son influence sur la peinture québécoise est considérable.  En 1973, il reçoit l’Ordre du Canada, et en 1980 il devient membre de l’Académie Royale des Arts du Canada. Des rétrospectives lui sont consacrées en 1967 au Musée du Québec et en 1978 par le Musée national des beaux-arts du Québec. En 1982, une de ses toiles est reproduite sur un timbre-poste pour la Fête du Canada.

Ces œuvres d’art se retrouvent parmi plusieurs grandes collections muséales, privées et publiques telles que : Musée d’art contemporain de Montréal, Musée du Québec, Université d’Ottawa, Mouvement des caisses populaires et d’économie Desjardins du Québec, etc.

ARTICLE(S) ADDITIONNEL(S):

René Richard

[…] René Richard arrive au Canada avec sa famille en 1909. Un an plus tard, il quitte Edmonton pour Cold Lake, dans le nord de l’Alberta. À dix-huit ans, il se fait coureur de bois et trappeur ; il vit la grande aventure dans une nature sauvage et hostile qu’il apprend à connaître, à apprivoiser, et dont l’empreinte profonde marquera son œuvre à venir. Pendant plus de treize ans, sa vie est entièrement consacrée au rigoureux apprentissage de la vie en forêt. En 1926, il revient au sud du pays pour s’établir à Edmonton, où il s’initie au dessin et à la peinture.

L’année suivante, il part pour l’Europe où il rencontre le peintre Clarence Gagnon qui est au faîte de la gloire au Canada. Cette rencontre sera déterminante pour l’artiste en devenir qu’est René Richard. Gagnon jouera un rôle considérable dans son apprentissage artistique. Richard retourne à Cold Lake en 1930, où il reprend sa vie de coureur de bois. Mais entre ses nombreuses expéditions, il correspond avec Clarence Gagnon qui finira par le convaincre de venir s’installer dans le Sud et de consacrer toutes ses énergies à la peinture. Ce choix, il le fait en 1938, alors qu’il retrouve Clarence Gagnon au Québec. En 1942, il s’établit définitivement à Baie Saint-Paul et entreprend, à la fin des années quarante, son premier séjour dans le Grand Nord, qui sera suivi de plusieurs autres. Il en résulte une série de tableaux du plus grand intérêt, peints à partir de 1950. Ce sera sa plus grande période.

On pourrait croire que cette série s’inscrit à contre-courant des grands mouvements artistiques qui ont cours à l’époque au Québec. Cependant, sa démarche personnelle et solitaire n’a nul besoin de comparaison ou de justification. Elle est unique et ne s’insère dans la foulée ni de l’avant-garde ni d’une nostalgie romantique. René Richard développe son propre langage pictural, sa peinture s’affirme dans un esthétisme personnel dont la source première est la nature. La plupart des tableaux de cette série sont peints de mémoire et les résultats sont fascinants ! Le geste est vif, guidé par une connaissance du sujet que seul l’expérience peut rendre.

René Richard évite de tomber dans le piège de la description anecdotique en gardant une certaine distance par rapport à son sujet. Et même si l’artiste avait complètement éliminé les éléments identifiables de ses tableaux, l’esprit qui se dégage de la matière picturale n’en aurait pas été affecté tellement son expression est vive. Elle se révèle dans la moindre touche, le moindre trait, car tout transpire cette nature sauvage, austère et magnifique.
Les œuvres de cette série nous mettent en présence d’une vie entière, elles sont le témoignage d’un individu en osmose avec tout son environnement. La facture n’a rien de soignée, elle est vraie, intuitive, sauvage comme son sujet, pure et nullement complaisante. Le paysage est brossé avec spontanéité, comme un élan amoureux. La couleur ne cherche pas à séduire mais à traduire. Le paysage s’inscrit sur le support par de larges coups que seule la passion peut induire. Chaque geste du peintre porte en lui l’essence du lieu.

Source: Robert Bernier, Un siècle de peinture au Québec Nature et paysage, Les Éditions de l’Homme, 1999, René Richard, pages 194-195.

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