Grand maître canadien, autodidacte, Jacques Payette est né à Montréal en 1951. Son travail comprend surtout des tableaux à l’encaustique (cire chaude où les pigments de couleur se trouvent en suspension, emprisonnés, scellés dès le moment où la cire en refroidissant se fige), technique difficile et très ancienne qu’il maîtrise avec une remarquable habileté.
Un peintre contemporain
« Jacques Payette s’est beaucoup inspiré de sa vie de famille et de son amour pour sa compagne. Les sentiments, bien que discrets, sont néanmoins présents et exprimés par des mises en situation suggérant une intensité métaphysique, particulièrement dans ses séries des années 1980. Pour les amateurs d’art qui suivent son travail depuis une trentaine d’années, ils ont ressenti comme moi cette impression d’intimité, de proximité avec son univers, et senti ce souffle calme et chaud des sentiments partagés. » Robert Bernier.
« J’ai une fascination pour l’absence, la perte et le passage du temps. Mais ce n’est que le présent qui passe, car le passé, lui, demeure». «Il faut beaucoup d’entêtement, et sans doute de la force de caractère, pour persister dans un genre qui n’est pas à la mode. Mais il est encore plus périlleux de suivre les modes, puisqu’elles se démodent. Par-dessus tout, il faut rester honnête avec soi.» «J’ai choisi de peindre (ou est-ce la peinture qui m’a choisi) pour tenter de comprendre, de sentir et d’apprécier les êtres et le monde où je flâne. J’aime regarder passer la lumière durant la journée, cette lumière qui va mourir dans sa nuit, et je ne suis pas sûr d’avoir rêvé » Jacques Payette.
Jacques Payette a participé à de nombreuses expositions solos et collectives au Québec, Calgary, Toronto, Vancouver, New York, Mexico et Paris. Ces œuvres d’art se retrouvent parmi plusieurs grandes collections muséales, privées et publiques telles que : Musée national des beaux-arts du Québec, le Musée d’art de Joliette, le Musée des beaux-arts de Sherbrooke, le Musée d’art contemporain de Montréal et la Banque d’oeuvres d’art du Conseil des arts du Canada, etc.
Jacques Payette (1951)
Jacques Payette est né à Montréal, le 6 juin 1951. Autodidacte, il fait son apprentissage artistique par des lectures, de nombreux essais et des réflexions. Il se tient à l’écart des institutions d’enseignement, ce qui lui permet de sauvegarder sa liberté de création et de demeurer à l’écoute de ses propres besoins. Son cheminement est rapide. Il peint d’abord une série où les thèmes de la lumière, de la structure architecturale et de la distorsion visuelle prédominent. Puis Payette laisse plus de place à la matière. Cette dimension de son œuvre est très importante : il a besoin de manipuler, d’avoir un contact direct avec la matière. Comme un rituel intime ou se fondent le conscient et l’inconscient, cette approche lui permet d’atteindre une concentration préparatoire et complémentaire à son propos. Le geste nourrit le concept, le développe et le fait émerger dans le concret.
Dans la série Baisers d’Italie, réalisée au milieu des années quatre-vingt, Payette utilise le crayon Prismacolor sur une toile teinte de couleur foncée, une terre d’ombre noircie. Ses grands paysages amoureux représentent l’artiste et sa compagne dans de multiples étreintes. Il aborde cette thématique comme il se doit, par une représentation et une conception empreintes de symbolisme personnel. Aussi, Jacques Payette voue une grande admiration à l’artiste italien de la Renaissance Piero della Francesca et s’en inspire dans la conception des paysages qui accompagnent ses personnages. Les deux partenaires enlacés dominent l’espace pictural comme des géants. Double allusion, d’abord à l’artiste italien qui avait l’habitude de peindre ses paysages en plan éloigné, et ensuite, au sentiment amoureux qui anime le couple. Dans certains tableaux, Jacques Payette peint en tout petit des maisons à l’architecture insolite placées au pied des personnages. Une manière de souligner le leurre du paysage, lequel, cette fois, ne se trouve plus en plan éloigné mais en miniature. Dans Baisers d’Italie, tous les éléments préconisés par l’artiste visent à rendre le spectateur complice à la fois de ce clin d’œil affectueux à ce grand artiste qu’il admire et de son regard tendre sur la complice de sa vie. Elle lui permet de créer des rapports associatifs d’un ordre différent qui lient entre eux les éléments et permettent de révéler l’invisible, le mystère qui habite le personnage.
La peinture de a aussi une particularité peu banale : celle d’avoir recours à différentes techniques. Chaque séquence illustre une approche artistique qui semble s’ajuster au sujet traité et à ce qu’il inspire à l’artiste. Ainsi pour une série où la dimension temporelle est importante, Jacques Payette utilise une acrylique mélangée à du bicarbonate de soude, de même que du décapant et des résidus obtenus en passant le balai dans l’atelier. Le tout est chauffé avec des moyens tout aussi originaux conçus par l’artiste. Dans ses œuvres plus récentes, Jacques Payette emploie l’encaustique, une technique ancienne qu’il adapte à la réalité des matériaux d’aujourd’hui, mais tout en lui conservant sa base d’origine, la cire. L’encaustique de Payette consiste en un mélange de cire, de micro-cristalline et de résine qui stabilise la valeur chromatique des pigments. Le tout est chauffé à l’aide d’un allume-barbecue. Bien entendu, il n’est pas nécessaire de connaître toutes ces données pour comprendre l’œuvre de l’artiste ou pour en faire une lecture, mais il est capital de saisir l’importance du processus qui accompagne l’acte créateur, puisqu’il fait partie intégrante de l’œuvre.
Source : Robert Bernier, Un siècle de peinture au Québec Nature et paysage, Les Éditions de l’Homme, 1999, Jacques Payette, pages 298-299.